L’OSINT : une arme à double tranchant
Dans un monde où l’information circule à une très grande vitesse, l’OSINT (Open Source Intelligence) s’impose comme une discipline stratégique, entre cybersécurité, veille concurrentielle et investigations numériques. L’OSINT désigne l’ensemble des données collectées légalement à partir de sources ouvertes : forums, réseaux sociaux, bases de données publiques, fichiers administratifs, contenus multimédias, etc.
Ce qui est public n’est pas toujours anodin. L’OSINT révèle que des fragments d’information peuvent, une fois recoupés, devenir une véritable mine d’or… ou bien un danger.
Utilisé dans des contextes aussi divers que les enquêtes journalistiques, les opérations militaires, la cybersécurité ou la lutte contre la criminalité, l’OSINT captive autant qu’il inquiète. Car derrière cette accessibilité apparente, se cachent des compétences fines en termes d’extraction, croisement et interprétation des données.
Distinguer la donnée brute de l’information stratégique exige méthode, éthique et souvent, des outils professionnels et bien sûr le strict respect du cadre légal.
Dans le contexte actuel, de nombreuses entreprises et institutions réalisent qu’elles manipulent, sans le savoir, des quantités massives de données sensibles exposées aux risques de collecte non autorisée.
D’où viennent les données OSINT et que peut-on en faire ?
L’OSINT s’appuie sur des données accessibles sans intrusion, c’est-à-dire des données publiquement disponibles, gratuitement ou non. Cela inclut :
- les sites web d’entreprises,
- les publications sur les réseaux sociaux,
- les moteurs de recherche,
- les documents publics (rapports annuels, brevets, appels d’offre),
- les bases de données de fuites (souvent illégales, dans leur constitution et leur utilisation).
En 2022, 90 % des cyberattaques ciblées ont utilisé des données collectées via OSINT. (Source : SANS Institute, OSINT 2023 Report)
Les finalités sont multiples : identifier des vulnérabilités humaines ou techniques, surveiller des concurrents, retrouver une personne, prévenir un risque réputationnel, ou encore documenter une activité illégale.
Mais cette richesse d’informations peut être source de menace, notamment pour les entreprises. Un hacker peut, via OSINT, cartographier une structure, identifier ses dirigeants, ses fournisseurs, voire exploiter des informations oubliées… mais toujours visibles.
Le RGPD ne protège pas les données rendues publiques par l’utilisateur lui-même, ce qui crée une zone grise juridique.
Légalité et éthique de l’OSINT : ce qu’il faut savoir
La pratique de l’OSINT est légale tant qu’elle respecte certaines règles. En France, elle s’inscrit dans un cadre strict.
Voici une liste non exhaustive des textes qui encadrent l’OSINT :
- Le RGPD
- Code de la Propriété Intellectuelle : articles 335, 343
- Code pénal : article 226, article 311, article 321, article 323
- Code de commerce : articles L.152-1 à L.152-8
- Cour de cassation :
- Cour de cassation chambre criminelle 20 mai 2015 n°14-81.336
- Cour de cassation chambre criminelle 8 décembre 1999 n° 98-84.752
- Des règlements européens :
- RÈGLEMENT (UE) 2022/868 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 30 mai 2022 portant sur la gouvernance européenne des données et modifiant le règlement (UE) 2018/1724
- RÈGLEMENT (UE) 2018/1807 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 14 novembre 2018 établissant un cadre applicable au libre flux des données à caractère non personnel dans l’Union européenne
- Des directives européennes :
- Directive 96/9/CE du 11 mars 1996 concernant la protection juridique des bases de données
- Directive n°2016/943 du 8 juin 2016 sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d’affaires) contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicite
- Des règles de la CNIL :
La recherche sur Internet de fuites d’informations (RIFI)
Avec en plus, le régime de responsabilité atténuée applicable aux hébergeurs et moteurs de recherche :
- Directive 2000/31 sur le Commerce électronique & LCEN du 21 juin 2004
- Digital Services Act (Article 6) –Exclusion de responsabilité
Toutefois, l’exploitation de données publiques ne donne pas droit à leur usage libre et commercial automatique, avec un risque de recel de données (pour le vendeur et pour l’acheteur)
Les problématiques éthiques sont nombreuses : peut-on utiliser un tweet personnel dans une enquête ? Peut-on croiser des infos issues d’une fuite avec un profil LinkedIn ?
Un mauvais usage de l’OSINT peut exposer une organisation à des sanctions lourdes, notamment en cas de surveillance illégale ou traitement de données sensibles.
En clair, la légalité de la source ne garantit pas la légalité de l’usage. C’est pourquoi les pratiques d’OSINT doivent être encadrées, méthodiques, et idéalement réalisées par des prestataires maîtrisant à la fois les outils et les enjeux juridiques.
Outils, techniques, et limites de l’OSINT
Le praticien OSINT utilise une boîte à outils bien fournie, allant de simples moteurs de recherche à des plateformes complexes comme :
La maîtrise de ces outils ne suffit pas : l’analyse humaine reste au cœur du processus dans le respect du RIFI de la CNIL (https://www.cnil.fr/fr/la-recherche-sur-internet-de-fuites-dinformations-rifi).
L’OSINT repose sur un processus très structuré : collecte, validation, corrélation, contextualisation. Mais cette mécanique a ses limites :
- des données périmées ou manipulées peuvent biaiser les résultats ;
- le volume massif d’informations exige un tri expertisé ;
- certaines sources sont légalement ambiguës.
Sans formation poussée, l’interprétation des données peut mener à des erreurs stratégiques, voire judiciaires.
Face à ces contraintes, les entreprises se tournent vers des prestataires spécialisés, capables d’auditer leur propre exposition OSINT et de mettre en place des dispositifs de surveillance ou de réduction de leur surface d’attaque, tout en devant prendre en compte la licéité des solutions et des services

OSINT & cybersécurité : une alliance sous-estimée
En cybersécurité, l’OSINT devient un outil préventif et défensif redoutable, dans le respect du cadre légal. Il permet notamment de :
- détecter des fuites de données avant qu’elles ne soient exploitées,
- repérer des faux profils ou usurpations d’identité,
- surveiller des menaces sur le dark web ou les réseaux sociaux.
Selon IBM, le coût moyen d’une fuite de données dépasse 4,45 millions de dollars (IBM Cost of a Data Breach Report, 2023).
Une entreprise proactive en matière d’OSINT peut gagner en réactivité, en résilience et en visibilité sur ses risques. Elle peut aussi s’assurer que ses collaborateurs ne deviennent pas, à leur insu, des portes d’entrée pour des attaquants.
Mais ce monitoring ne s’improvise pas. Il nécessite :
- une veille permanente,
- une parfaite connaissance des sources,
- des règles de traitement rigoureuses,
- une infrastructure sécurisée,
- un encadrement par les services juridiques de l’organisation.
S’entourer d’experts OSINT, c’est transformer une menace en opportunité stratégique pour votre entreprise.
Conclusion : Pourquoi vous avez (vraiment) besoin d’un spécialiste OSINT !
L’OSINT n’est pas une simple recherche Google. Il s’agit d’un levier d’analyse puissant, mais aussi un domaine complexe, rempli de pièges juridiques, techniques et éthiques.
Une donnée mal interprétée peut coûter très cher. Une information laissée accessible peut être exploitée contre vous.
Que ce soit pour mieux connaître votre exposition numérique, anticiper les risques, mener des audits de sécurité, ou protéger vos actifs informationnels, recourir à un prestataire qualifié en OSINT n’est pas un luxe, mais une nécessité.
De plus en plus d’organisations font appel à des cabinets spécialisés pour cartographier leur empreinte numérique, détecter les signaux faibles ou sécuriser leur réputation. Car dans un monde où l’information circule librement, seules les entreprises informées peuvent se protéger efficacement. Mais en amont et de façon incontournable : toujours bien vérifier la licéité des solutions et services et leur conformité vis-à-vis de la législation.
L’OSINT révèle bien plus que ce que vous pensez. À condition de savoir où (et comment) regarder.