Les places de vente dans le dark web (4/4)
Raretés et légendes urbaines
Précisions importantes :
– De très nombreux escrocs sévissent sur le dark web. Il est donc tout à fait possible que certains sites que nous mentionnons soient des arnaques pures et simples.
– Cette série d’articles n’a pas pour vocation de faire la promotion des sites du dark web. Elle n’a pas davantage vocation à procurer des conseils pour faire des transactions en toute sécurité sur ces sites. Il s’agit ici uniquement de décrire les types de biens et services qui sont proposés à la vente dans le périmètre du dark web. Pour cette raison, nous ne donnons aucune adresse de site et toutes les coordonnées de contact pouvant figurer sur les captures d’écran sont floutées.
Après avoir fait un tour d’horizons des biens et services les plus fréquemment vendus sur le dark web dans les précédents articles, nous aborderons ici quelques propositions commerciales moins courantes pour le dernier de la série « Places de ventes sur le dark web ».
1 – Les raretés
a) La vente de Rhodium
b) Les ressources précieuses : l’or et les diamants
c) La vente d’animaux rares
2 – Les légendes urbaines
a) Les tueurs à gages
b) Les Reds Rooms
1 – Les raretés
a) La vente de Rhodium
En plus des marchandises classiques (drogues, armes…), certaines places de marché du dark web offrent la possibilité d’acheter des produits plus rares ou surprenants. Ainsi, sur le site Dark Store, disparu il y a peu, on pouvait trouver 1 kg de rhodium pour 24 000 euros. La présence sur une plateforme marchande du dark web de ce métal, utilisé dans l’industrie ou la joaillerie, nous semblait incongrue. Le prix affiché était également suspect, puisqu’un kilogramme de rhodium se négocie aux alentours de 800 000 euros sur les marchés officiels.
Le site Dark Store ne se limitait pas au rhodium, aux armes, aux drogues et aux faux billets. Il proposait également des cartes graphiques, des sous-vêtements soi-disant portés par une femme mais aussi des pochettes surprises (« Random Secret Box »), qui pouvaient contenir des objets en vente sur le site. Il était même possible de participer à un système de loterie avec des lots variés. Ce cite marchand très atypique, voire fantaisiste et pour le moins sujet à caution a disparu au cours du mois de novembre et ne dispose pas de miroir connu à ce jour.
Ce site au ton très cynique prétend tirer ses ressources de mines africaines clandestines. Il indique que les employés de ces mines sont nourris et logés, mais non payés.
L’éthique selon Gold & Diamonds
Sur la page d’accueil de Gold & Diamonds, nous remarquons deux onglets, intitulés « Get in EU Free » et « Free EU Refuge For Women ». Il est proposé à des hommes africains d’obtenir le statut de réfugié dans un pays de l’Union Européenne, moyennant trois ans de travail en UE pour Gold & Diamonds.
c) La vente d’animaux rares
Le site Gold & Diamonds indique encore qu’il vend des cornes de rhinocéros, mais cela ne semble pas être leur cœur de « métier ». Certains sites, en revanche, se sont spécialisés dans la vente d’ivoire ou d’espèces protégées. The Dark Jungle, par exemple, mettait en relation des vendeurs et des acheteurs d’animaux exotiques ; on y trouvait aussi des produits à base d’ivoire et des vêtements en peau d’animaux en voie d’extinction.
The Dark Jungle a semblé connaître lui aussi une extinction rapide, puisque nous avons détecté son existence en janvier 2021 avant qu’il ne disparaisse au mois de mars.
2 – Les légendes urbaines
a) Les tueurs à gages
Un certain nombre de sites du dark web proposent en effet de louer les services de tueurs à gages. Pour quelques milliers d’euros, le client peut désigner une cible pour un assassinat. Pour une somme plus modique, il est aussi quelque fois proposé de procéder à une agression. Les tarifs varient en fonction des dommages que le client souhaite infliger à la cible.
Nous terminons cette recension des propositions commerciales du dark web par deux types d’offre qui ont davantage retenu l’attention des médias ces dernières années : les services de tueurs à gages et les Red Rooms.
Il est fort probable que la quasi-totalité des sites qui offrent ce type de services soient des arnaques plus ou moins grossières. Néanmoins, certains fait divers de ces dernières années semblent indiquer qu’il existe bien une offre réelle sur le dark web.
b) Les Red Rooms
Dans le même ordre d’idée, nous abordons enfin les légendaires Red Rooms. Selon les rumeurs complaisamment relayées sur des supports en mal de sensationnalisme, il s’agirait de séances de torture et de mise à mort diffusées en direct sur le dark web. Moyennant paiement, il serait possible non seulement d’assister à ces séances en streaming, mais certains clients pourraient payer une plus forte somme pour être en mesure de donner des ordres au tortionnaire et ainsi diriger la séance.
Deux éléments nous font douter de la réalité des Red Rooms. Le premier est lié au réseau Tor lui-même, dont la relative lenteur ne nous semble pas adaptée à une diffusion vidéo en temps réel. On peut cependant émettre l’hypothèse que les pages sur le dark web ne pourraient servir que d’interface pour l’achat et qu’un lien sur un réseau plus rapide pourrait être communiqué aux clients. Le deuxième élément est lié au compte à rebours qui est affiché sur la page d’accueil des Red Rooms. On remarque qu’il s’agit dans la quasi-totalité des plus de 1250 miroirs du même compte à rebours : il reste 10 jours, 6 heures et 21 minutes avant la prochaine séance et ce, quel que soit le jour ou l’heure à laquelle on se rend sur ces sites.
Là encore, nous ne disons pas que tous les sites que nous avons évoqués ne sont que des pièges à touriste. Certaines propositions sont en effet très réelles et représentent donc une menace à différents égards. Il reste cependant nécessaire de rester prudent et de ne pas suralimenter les fantasmes qui ont cours au sujet du dark web.