Les sites à caractère politique

Dès ses débuts, le réseau Tor a eu pour vocation de garantir l’anonymat de ses utilisateurs et de contourner les systèmes de censure. Il était donc naturellement destiné à protéger des activités politiques contre des régimes hostiles à la liberté d’expression. Aujourd’hui, ce réseau abrite de nombreux services à caractère mercantile et souvent illicite ; il n’en reste pas moins un sanctuaire pour des militants et activistes politiques d’horizons variés.

1. Les anti-autoritaires

Sans surprise, nous constatons une très forte présence de sites militants de type anti-autoritaire. En effet, la ligne politique de ces sites correspond tout à fait à la nature du réseau Tor. Il s’agit le plus souvent de miroirs Tor de sites du clear web. C’est notamment le cas des sites francophones de cette mouvance, dont chaque domaine est présent sur le clear web avec l’extension .info et sur Tor avec l’extension .onion. Ces sites bénéficient d’un réseau d’entraide technique, nommé réseau MUTU.

Page d’accueil du réseau MUTU

Page d’accueil du réseau MUTU

Le réseau MUTU relaie les publications de chacun des sites qui maillent le territoire français et les pays alentours, comme la carte ci-dessous le montre.
Maillage territorial des sites de la mouvance anti-autoritaire

Maillage territorial des sites de la mouvance anti-autoritaire

Cette tendance politique est également bien représentée en Allemagne, avec les miroirs Tor d’Indymedia et son satellite Geistige Gefährdungen, qui relaie lui aussi les publications d’Indymedia mais aussi d’autres sites germanophones présents uniquement sur Tor, comme Ompf.
Miroir Tor de la version allemande d’Indymedia

Miroir Tor de la version allemande d’Indymedia

Site agrégateur de contenus d’Indymedia et de Ompf

Site agrégateur de contenus d’Indymedia et de Ompf

Ompf

Ompf

Dans la même mouvance, on peut également recenser en Allemagne des sites comme Kontrapolis et Schwartzlicht (présents eux aussi sur le clear web).
Page d’accueil du site Kontrapolis

Page d’accueil du site Kontrapolis

Page d’accueil du site Schwartzlicht

Page d’accueil du site Schwartzlicht

De l’autre côté de l’Atlantique et toujours dans la tendance anarchiste, anticapitaliste et anticoloniale, nous trouvons It’s Going Down, qui est lui aussi le miroir Tor d’un site du clear web.
Présentation du site It’s Going Down

Présentation du site It’s Going Down

2. Le nationalisme blanc

De l’autre côté de l’échiquier politique, nous constatons la présence sur le réseau Tor de quelques sites liés au nationalisme blanc, dont le plus connu reste le site américain The Daily Stormer. Dans le cas du Daily Stormer, nous avons affaire à un site initialement créé sur le clear web qui a dû faire face à des bannissements par ses hébergeurs successifs et qui a donc trouvé une solution de repli sur le dark web.
Page d’accueil du site The Daily Stormer

Page d’accueil du site The Daily Stormer

La ligne volontairement extrémiste et injurieuse de ce site, dont le nom vient du journal national-socialiste Der Stürmer (1923-1945), a inspiré la création du site français Démocratie Participative.
Page d’accueil du site Démocratie Participative

Page d’accueil du site Démocratie Participative

L’antisémitisme du Daily Stormer et de Démocratie Participative trouve un écho sur le site américain Heidenwut, qui adopte une esthétique assez surprenante pour un site de cette mouvance. En supplément des articles de fond, ce site propose une section musique et une section jeux vidéo, toutes deux très orientées (hymnes SS, versions modifiées de jeux).
Exemple d’article du site Heidenwut

Exemple d’article du site Heidenwut

La section « haikus antisémites »

La section « haikus antisémites »

La section « jeux vidéo modifiés »

La section « jeux vidéo modifiés »

3. Les activités de circonstance

Nous le voyons, le réseau Tor accueille des militants de bords assez opposés. Il peut également accueillir des activités politiques qui peuvent être sensibles selon l’époque. Ainsi, en 2017, le dark web a vu l’apparition de sites qui faisaient la promotion de l’indépendance de la Catalogne, comme Tsunami Democràtic, aujourd’hui disparu.

Le réseau Tor peut aussi héberger des contenus beaucoup moins susceptibles de provoquer une censure, comme le site d’une députée écologiste française, sur lequel celle-ci rendait compte de son activité parlementaire. L’UPR de François Asselineau a elle aussi disposé d’un site non officiel sur le dark web.

Page d’accueil du site Tsunami Democràtic

Page d’accueil du site Tsunami Democràtic